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Le ratio or/argent : comprendre cet indicateur clé de l'investissement

Le ratio or/argent mesure la valeur relative entre ces deux métaux précieux. Découvrez comment l'interpréter, son historique depuis 1975, et comment l'utiliser pour optimiser vos investissements.

Le ratio or/argent vient de chuter de 125 à moins de 85 en quelques mois. Pour la plupart des investisseurs, ce chiffre ne signifie rien. Mais pour ceux qui connaissent l'histoire des métaux précieux, c'est un signal d'alarme impossible à ignorer.

Voici pourquoi : chaque fois que ce ratio a dépassé 80 au cours des 50 dernières années, l'argent métal est devenu tellement sous-évalué par rapport à l'or qu'un puissant mouvement de rattrapage a suivi. En 1980, le ratio est tombé à 15 lorsque l'argent a atteint 50 dollars l'once. En 2011, il est descendu à 30 quand l'argent a grimpé à 49 dollars.

Le ratio or/argent n'est pas qu'un simple chiffre. C'est un outil puissant qui vous permet de savoir si l'argent est bon marché, cher, ou correctement valorisé par rapport à l'or. Et surtout, il peut vous indiquer quand il est temps d'augmenter votre exposition à l'argent.

Dans cet article, vous allez découvrir :

  • Comment calculer et interpréter le ratio or/argent
  • Ce que l'histoire nous apprend sur les seuils critiques
  • Pourquoi un ratio élevé signale souvent une opportunité d'achat
  • Comment utiliser cet indicateur pour optimiser votre stratégie d'investissement
  • Les perspectives actuelles selon les experts du secteur

Qu'est-ce que le ratio or/argent ?

Le ratio or/argent est l'un des outils les plus simples et les plus anciens pour comparer la valeur relative de ces deux métaux précieux.

Le calcul est élémentaire : vous divisez le prix de l'or par le prix de l'argent. Le résultat vous indique combien d'onces d'argent il faut pour acheter une once d'or.

Exemple concret (décembre 2025) :

  • Prix de l'or : 4,500 dollars l'once
  • Prix de l'argent : 80 dollars l'once
  • Ratio or/argent : 4500 ÷ 80 = 56,3

Cela signifie qu'il faut aujourd'hui 56,3 onces d'argent pour acheter une once d'or.

Un indicateur vieux comme le monde

Le ratio or/argent n'a rien de nouveau. Il existe depuis des millénaires, car ces deux métaux ont servi de monnaie pendant l'essentiel de l'histoire humaine.

Dans la Rome antique, le ratio était fixé par décret impérial à 12:1. Au 19ème siècle, lorsque de nombreux pays fonctionnaient sous un système bimétallique (or et argent), le ratio officiel était souvent maintenu à 15:1 ou 16:1.

Aujourd'hui, avec des marchés libres, le ratio fluctue constamment selon l'offre, la demande et le sentiment des investisseurs. Et c'est précisément cette fluctuation qui en fait un outil d'analyse si précieux.


Ce que l'histoire nous enseigne : les niveaux clés du ratio

Depuis 1975, le ratio or/argent a connu des mouvements spectaculaires. Comprendre ces cycles historiques est essentiel pour anticiper les opportunités futures.

La moyenne historique : 55-60

Sur les cinq dernières décennies, le ratio or/argent a oscillé autour d'une moyenne de 55 à 60. Cela signifie qu'en temps normal, il faut entre 55 et 60 onces d'argent pour acheter une once d'or.

Cette moyenne constitue une sorte de "juste valeur" historique. Quand le ratio s'éloigne significativement de cette zone, cela suggère qu'un des deux métaux est temporairement surévalué ou sous-évalué par rapport à l'autre.

Les creux historiques : signaux de fin de bull market

Le ratio atteint ses niveaux les plus bas lorsque l'argent surperforme massivement l'or, typiquement en fin de bull market sur les métaux précieux.

1980 : ratio à 15 — La folie de l'argent

En janvier 1980, l'argent a atteint son sommet historique à 50 dollars l'once. À ce moment-là, le ratio or/argent était tombé à 15. Pour mettre ces chiffres en perspective, l'argent avait gagné 3,700% depuis 1971, surperformant largement l'or qui n'avait "que" progressé de 1,400%.

Ce bull market extraordinaire était alimenté par plusieurs facteurs :

  • L'abandon de l'étalon-or par Nixon en 1971
  • Une inflation galopante dans les années 1970
  • La tentative des frères Hunt de monopoliser le marché de l'argent

La scène qui résume tout : fin 1979 et début 1980, alors que l'argent doublait et redoublait en quelques semaines, les investisseurs formaient des files d'attente de plusieurs centaines de personnes sur plusieurs pâtés de maisons — en plein hiver — devant les banques et revendeurs de métaux précieux. Ils attendaient parfois des heures dans le froid pour mettre la main sur quelques onces d'argent.

Quand le ratio or/argent tombe à 15 et que tout le monde veut de l'argent, c'est généralement le moment de vendre, pas d'acheter.

2011 : ratio à 30

En avril 2011, l'argent a atteint 49 dollars, frôlant son record de 1980. Cette fois, le ratio or/argent est descendu à 30. Depuis le creux de 2001, l'argent avait progressé de 1,080%, surperformant à nouveau l'or de manière spectaculaire.

Ce bull market était la conséquence directe de la crise financière de 2008-2009 et des programmes massifs d'assouplissement quantitatif (QE) mis en place par les banques centrales.

Les pics historiques : signaux d'opportunité

À l'inverse, le ratio atteint ses sommets lorsque l'or surperforme l'argent, généralement pendant les périodes de forte aversion au risque ou de marchés baissiers prolongés sur les métaux précieux.

Mars 2020 : le record historique à 125

Le pic absolu du ratio or/argent a été atteint en mars 2020, au plus fort de la panique provoquée par le COVID-19. Le ratio a explosé à 125, un niveau jamais vu dans l'histoire moderne.

Ce niveau extrême était insoutenable. En l'espace de cinq mois seulement, l'argent a bondi de 152% (de 12 à 30 dollars), tandis que l'or ne progressait "que" de 38%. Le ratio s'est effondré à 70, confirmant une fois de plus que les extrêmes ne durent jamais.


Comment interpréter le ratio or/argent aujourd'hui

Comprendre les niveaux historiques est une chose. Savoir comment les utiliser dans vos décisions d'investissement en est une autre.

Signal d'achat : ratio élevé et en baisse

Quand le ratio or/argent dépasse 80 puis commence à chuter, cela suggère généralement que les deux métaux précieux entrent dans un bull market, avec l'argent commençant à surperformer l'or.

Gardez à l'esprit que cela ne signifie pas automatiquement que le prix de l'argent va monter plus vite que celui de l'or. Trois scénarios sont possibles :

  1. Le scénario idéal : l'argent monte plus vite que l'or (les deux progressent, mais l'argent accélère davantage)
  2. Le scénario défensif : l'argent baisse moins vite que l'or (les deux reculent, mais l'argent résiste mieux)
  3. Le scénario rare : l'argent monte pendant que l'or baisse (peu fréquent sur des périodes prolongées)

Dans tous les cas, l'argent surperforme l'or en termes relatifs, ce qui fait baisser le ratio.

La phase d'accélération

Lorsque le ratio commence à chuter rapidement depuis un niveau élevé, comme c'est le cas depuis le pic de mars 2020, beaucoup d'analystes considèrent que l'argent entre dans ce qu'on appelle la "phase d'accélération".

Cette phase correspond généralement à la deuxième moitié d'un bull market sur les métaux précieux. C'est le moment où l'argent attire de plus en plus d'attention, où la demande d'investissement explose, et où les gains peuvent devenir exponentiels.

Voici un fait historique important : l'argent surperforme systématiquement l'or dans la seconde moitié des bull markets sur les métaux précieux. C'est exactement ce qui s'est passé en 1978-1980 et en 2009-2011.

Les limites de l'indicateur

Comme tout outil d'analyse, le ratio or/argent n'est pas infaillible et doit être utilisé en complément d'autres indicateurs.

Premièrement, il ne vous dit pas quand acheter ou vendre de manière absolue. Il indique uniquement si l'argent est bon marché ou cher par rapport à l'or, pas par rapport à son coût de production, à la demande industrielle, ou à d'autres fondamentaux.

Deuxièmement, le timing exact des retournements est impossible à prédire. Le ratio peut rester élevé pendant des mois, voire des années, avant de se corriger. En 2015-2016, par exemple, le ratio a oscillé entre 75 et 85 pendant plus d'un an avant la correction.

Troisièmement, d'autres facteurs peuvent temporairement prendre le dessus : chocs géopolitiques majeurs, innovations technologiques affectant la demande d'argent, changements réglementaires, etc.


Utiliser le ratio dans votre stratégie d'investissement

Maintenant que vous comprenez comment fonctionne le ratio or/argent, voici comment l'intégrer concrètement dans vos décisions d'investissement.

Ajuster votre allocation or/argent

Le ratio or/argent peut vous aider à optimiser la répartition entre or et argent dans votre portefeuille de métaux précieux.

Identifier les points d'entrée tactiques

Le ratio peut également vous aider à saisir des opportunités tactiques à court terme.

Les corrections temporaires qui font remonter le ratio pendant un bull market constituent souvent d'excellentes occasions d'accumuler de l'argent à meilleur prix.

Entre 2002 et 2011, l'argent a subi quatre corrections de 20% ou plus. Les investisseurs qui ont compris que le bull market était intact et qui ont utilisé ces baisses pour renforcer leurs positions ont été largement récompensés. Sur l'ensemble de la période, l'argent a progressé de 1,080%.

Surveiller les signaux de sortie

Le ratio or/argent peut aussi vous indiquer quand il est temps de sécuriser vos gains.

Lorsque le ratio atteint des niveaux extrêmement bas (15-30), cela suggère généralement que l'argent est proche d'un sommet temporaire. Ce n'est pas forcément le moment de tout vendre, mais c'est certainement le moment de prendre des profits partiels et de réduire votre exposition aux positions les plus spéculatives.

En 1980, les investisseurs qui ont ignoré le ratio à 15 et qui ont conservé tout leur argent ont vu leurs gains s'évaporer dans les années suivantes. Le même scénario s'est répété en 2011.


Le contexte macro : Modern Monetary Theory et la dévaluation inévitable

Pour vraiment comprendre pourquoi le ratio or/argent devrait continuer à chuter dans les années à venir, il faut saisir le contexte macroéconomique sans précédent dans lequel nous nous trouvons.

L'ère de la Modern Monetary Theory (MMT)

Depuis la crise financière de 2008-2009, puis de manière encore plus agressive depuis la pandémie de 2020, les gouvernements et banques centrales ont adopté ce que les économistes appellent la "Modern Monetary Theory" (Théorie Monétaire Moderne).

En termes simples, la MMT postule que les gouvernements qui émettent leur propre monnaie peuvent imprimer autant d'argent que nécessaire pour financer leurs dépenses, sans se soucier outre mesure de la dette ou des déficits.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

  • La dette américaine est passée de $10 trillions en 2008 à $38 trillions en décembre 2025, soit une augmentation de $28 trillions en seulement 17 ans
  • Entre 2020 et 2025, la dette US a bondi de $10 trillions supplémentaires, soit $2 trillions par an en moyenne
  • Le bilan de la Réserve Fédérale américaine est passé de moins de $1 trillion avant 2008 à $6,6 trillions fin 2025
  • Depuis 2000, la masse monétaire mondiale a été multipliée par 5,4 (de $26 trillions à $142 trillions)

Cette création monétaire sans précédent n'est pas près de s'arrêter. Pourquoi ? Parce que le système financier mondial est désormais prisonnier de la dette.

Le piège de la dette : pourquoi les taux ne peuvent pas remonter

Avec un ratio dette/PIB supérieur à 130% aux États-Unis et 360% au niveau mondial, toute hausse significative des taux d'intérêt déclencherait une cascade de défauts — d'abord des entreprises zombies, puis des États entiers.

Faites le calcul : avec $28 trillions de dette américaine, chaque point de pourcentage de hausse des taux coûte $280 milliards par an en intérêts supplémentaires. Avec une dette à $89 trillions projetée pour 2029 (selon USDebtClock.org), l'Amérique devra consacrer une part croissante de son budget uniquement au service de sa dette.

Les banques centrales ne choisissent qu'une seule option :

Maintenir les taux artificiellement bas et continuer à imprimer de la monnaie.

Devinez quelle option elles choisiront toujours ?

La conséquence inévitable : dévaluation et inflation

Chaque dollar, euro ou yen créé ex nihilo dilue la valeur de tous les autres. C'est une loi mathématique simple : quand vous multipliez l'offre de quelque chose, sa valeur unitaire diminue.

Cette dévaluation monétaire ne se manifeste pas immédiatement dans les indices officiels d'inflation (qui sont d'ailleurs soigneusement manipulés pour minimiser l'inflation réelle). Elle se manifeste plutôt dans :

  • L'explosion des prix des actifs (immobilier, actions, obligations)
  • La hausse des coûts de la vie quotidienne (énergie, alimentation, santé, éducation)
  • L'érosion constante du pouvoir d'achat de l'épargne

C'est précisément dans cet environnement que les métaux précieux brillent.

L'or et l'argent sont les seules formes de "monnaie" que les gouvernements ne peuvent pas imprimer. Leur offre est limitée par la géologie et l'extraction minière. C'est pourquoi, historiquement, ils ont toujours fini par refléter la vraie dévaluation des monnaies fiduciaires.

Pourquoi l'argent surperformera l'or dans ce contexte

Si l'or et l'argent bénéficient tous deux de la dévaluation monétaire, pourquoi l'argent devrait-il surperformer l'or (faisant ainsi chuter le ratio) ?

Trois raisons principales :

  1. L'effet de levier : Le marché de l'argent est environ 8 fois plus petit que celui de l'or en valeur. Les mêmes flux d'investissement ont donc un impact 8 fois plus important sur le prix de l'argent.

  2. La demande industrielle inélastique : Contrairement à l'or qui est principalement monétaire et joaillier, l'argent est indispensable à l'industrie moderne (panneaux solaires, 5G, électronique, médecine). Cette demande ne peut pas être facilement réduite, même si les prix montent.

  3. La psychologie du bull market : Historiquement, lors des phases d'euphorie sur les métaux précieux, les investisseurs se tournent vers l'argent car il offre "plus de métal pour leur argent" et un potentiel de gain en pourcentage plus élevé.

Ces trois facteurs se conjuguent pour créer ce que Krauth appelle la "phase d'accélération" où l'argent peut doubler ou tripler pendant que l'or ne progresse que de 30-50%.


Les perspectives selon les experts : où va le ratio ?

Que faut-il attendre du ratio or/argent dans les années à venir ? Les analystes spécialisés dans les métaux précieux ont des perspectives intéressantes.

Le scénario bull market

Depuis le pic de mars 2020 à 125, le ratio a chuté et oscille actuellement autour de 85. Beaucoup d'experts considèrent que cette baisse est loin d'être terminée.

Si l'on se base sur les précédents historiques, le ratio pourrait continuer à chuter vers 50-60 dans un premier temps, puis potentiellement vers 30-40 si le bull market sur l'argent s'intensifie.

Peter Krauth, analyste reconnu et auteur de "The Great Silver Bull", a développé une thèse précise basée sur le ratio or/argent. Ses calculs sont particulièrement intéressants :

Scénario conservateur : Si l'or atteint $5,000 l'once (seulement 2,5x son sommet de 2020 à $2,000) et que le ratio retombe à 15 comme en 1980, l'argent devrait atteindre $333 l'once ($5,000 ÷ 15).

Scénario alternatif : Si l'or monte jusqu'à $10,000 (comme le prédisent de nombreux analystes) mais que le ratio ne descend qu'à 30 (comme en 2011), on arrive également à un prix de l'argent autour de $333 l'once ($10,000 ÷ 30).

Ce qui est remarquable, c'est que deux chemins très différents mènent à la même destination. Cela renforce la probabilité d'un argent à $300+ dans ce cycle.

Krauth base cette conviction sur un élément fondamental rarement discuté : le contexte macroéconomique actuel est radicalement différent des années 1970.

En 1980, lors du dernier pic de l'argent, le ratio dette/PIB américain était de seulement 30%. Aujourd'hui, il dépasse 130% — plus de quatre fois plus élevé. La dette mondiale totale a atteint $289 trillions, soit 360% du PIB mondial.

Cette montagne de dette rend impossible tout resserrement monétaire significatif sans provoquer des défauts en cascade. Les banques centrales n'ont d'autre choix que de maintenir des taux d'intérêt artificiellement bas et de continuer à imprimer de la monnaie.

Dans ce contexte, Krauth estime que le bull market actuel sur l'argent sera bien plus intense que celui des années 1970, qui avait déjà vu l'argent multiplier par 38 sa valeur.

Tableau de scénarios : Prix de l'argent selon différents ratios or/argent

Pour mieux visualiser le potentiel de l'argent, voici un tableau récapitulatif des prix possibles selon différentes combinaisons de prix de l'or et de ratio or/argent :

Prix de l'orRatio 60Ratio 50Ratio 40Ratio 30Ratio 20Ratio 15
$3,000$50$60$75$100$150$200
$5,000$83$100$125$167$250$333
$7,000$117$140$175$233$350$467
$10,000$167$200$250$333$500$667

Source : Inspiré de "The Great Silver Bull" par Peter Krauth

Ce tableau illustre plusieurs points cruciaux :

  1. Même avec un or modeste à $5,000 et un ratio conservateur de 30, l'argent atteint $167 — plus de 5x son prix actuel.

  2. Un retour au ratio historique de 15 avec un or à $5,000 donne un argent à $333 — près de 11x son prix actuel.

  3. Si l'or explose vers $10,000 (scénario défendu par de nombreux analystes) et que le ratio descend seulement à 30, on obtient un argent à $333.

  4. Dans le scénario le plus optimiste (or à $10,000, ratio à 15), l'argent pourrait théoriquement atteindre $667.

L'essentiel à retenir : la plupart des scénarios plausibles mènent à un argent bien au-dessus de $100-150 l'once, et plusieurs chemins crédibles conduisent à $300+.

Les facteurs qui pourraient faire chuter le ratio

Plusieurs éléments plaident pour une baisse continue du ratio dans les années à venir :

La transition énergétique L'argent est indispensable à l'industrie solaire photovoltaïque. Avec l'accélération de la transition vers les énergies renouvelables, la demande industrielle d'argent explose. Cette demande structurelle n'existe pas pour l'or, ce qui pourrait soutenir l'argent de manière disproportionnée.

Le déficit structurel Le marché de l'argent est en déficit depuis plusieurs années. La production minière peine à suivre la demande combinée industrielle et d'investissement. L'or, en revanche, ne connaît pas ce type de tensions sur l'offre.

L'effet de levier monétaire La masse monétaire mondiale a explosé depuis 2008, et encore plus depuis 2020. Historiquement, l'argent réagit de manière plus explosive que l'or à la dévaluation monétaire, notamment parce que son marché est beaucoup plus petit et donc plus sensible aux flux d'investissement.

Le phénomène du "sticky money" (argent collant) Un aspect souvent négligé mais crucial : une fois que les investisseurs achètent de l'argent physique ou des ETF argent, ils ont tendance à le conserver longtemps. Contrairement aux actions ou aux obligations, l'argent acheté reste généralement hors du marché.

Ce comportement crée un effet de retrait progressif de l'offre disponible. En 2020, la demande nette des ETF argent seuls a représenté 331 millions d'onces — plus d'un tiers de l'offre annuelle totale. Lorsque cette demande est ajoutée à la demande physique (205 millions d'onces), plus de la moitié de l'offre mondiale d'argent (56%) a été absorbée par l'investissement cette année-là.

Cette "stickiness" crée un effet d'étranglement progressif du marché : chaque once achetée et conservée est une once de moins disponible pour la demande industrielle ou pour les nouveaux investisseurs. Dans un marché déjà structurellement déficitaire, cet effet peut devenir explosif.

La mémoire du ratio Les investisseurs et traders gardent en mémoire les ratios extrêmes de 15 et 30 atteints lors des précédents bull markets. Lorsque le ratio commence à chuter significativement, cela attire l'attention et déclenche des achats massifs d'argent, créant une dynamique auto-réalisatrice.

Les risques à surveiller

Bien sûr, rien n'est garanti, et plusieurs facteurs pourraient freiner la baisse du ratio :

Une récession économique sévère pourrait faire chuter la demande industrielle d'argent plus fortement que la demande monétaire d'or, faisant remonter le ratio temporairement.

Des innovations technologiques permettant de réduire ou substituer l'utilisation d'argent dans certaines applications industrielles pourraient également peser sur la demande.

Enfin, une résolution rapide des déséquilibres monétaires mondiaux (peu probable, mais théoriquement possible) pourrait mettre fin prématurément au bull market sur les métaux précieux.


Ce qu'il faut retenir

  • Le ratio or/argent mesure combien d'onces d'argent il faut pour acheter une once d'or, en divisant simplement le prix de l'or par celui de l'argent. Aujourd'hui autour de 85, il est encore élevé historiquement.

  • La moyenne historique depuis 1975 se situe entre 55 et 60, ce qui constitue une référence de "juste valeur" relative entre les deux métaux. Le ratio actuel suggère que l'argent reste sous-évalué.

  • Un ratio supérieur à 80 signale historiquement que l'argent est sous-évalué par rapport à l'or et a presque toujours été suivi d'une surperformance significative de l'argent. Depuis mars 2020, le ratio a chuté de 125 à 85, mais la baisse semble loin d'être terminée.

  • Les creux du ratio à 15 (1980) et 30 (2011) ont marqué les sommets des deux derniers grands bull markets de l'argent, suggérant des zones de prise de profits. Si l'histoire se répète, nous avons encore beaucoup de chemin avant d'atteindre ces niveaux.

  • Le record historique de 125 atteint en mars 2020 était un extrême insoutenable, suivi d'un rebond spectaculaire de l'argent (+152% en cinq mois). Cet événement marque probablement le début de la "phase d'accélération" du bull market actuel.

  • Les scénarios plausibles basés sur le ratio suggèrent un argent entre $167 et $333 l'once si l'or atteint $5,000 et que le ratio chute vers 15-30. Plusieurs chemins très différents mènent à la même destination : un argent à $300+.

  • Le contexte macroéconomique actuel est radicalement différent de 1980 : ratio dette/PIB 4x plus élevé, MMT généralisée, masse monétaire multipliée par 5 en 20 ans. Ce contexte suggère un bull market bien plus intense que celui des années 1970.

  • Le ratio peut vous aider à optimiser votre allocation entre or et argent et à identifier des opportunités tactiques d'achat ou de vente. C'est un outil simple mais puissant pour timer vos investissements dans les métaux précieux.

  • Le phénomène du "sticky money" crée un étranglement progressif du marché : en 2020, 56% de l'offre mondiale d'argent a été absorbée par l'investissement et tend à rester hors marché. Dans un marché déjà déficitaire, cet effet peut devenir explosif.


Pour aller plus loin

Le ratio or/argent n'est qu'un des nombreux indicateurs à surveiller pour investir intelligemment dans l'argent métal.

Lecture recommandée

Si vous voulez approfondir votre compréhension du marché de l'argent, je vous recommande chaudement "The Great Silver Bull" de Peter Krauth. C'est probablement l'ouvrage le plus complet et le mieux documenté sur l'argent métal publié ces dernières années.

Krauth y développe en détail :

  • L'histoire monétaire de l'argent depuis l'Antiquité
  • Les drivers fondamentaux du bull market actuel (MMT, dette mondiale, taux réels négatifs)
  • L'offre et la demande (production minière, applications industrielles, demande d'investissement)
  • Une analyse approfondie du ratio or/argent et des autres indicateurs clés
  • Un guide pratique pour investir (physique, ETF, actions minières, royalties)
  • Des stratégies de gestion du risque et de timing

L'auteur partage plus de 15 ans d'expérience dans l'analyse des métaux précieux et des sociétés minières. Le livre est dense (plus de 400 pages) mais extrêmement accessible, avec de nombreux graphiques et données historiques.

Note personnelle : une grande partie de l'analyse développée dans cet article s'inspire directement des recherches de Peter Krauth. Si le sujet vous passionne, c'est une lecture incontournable.

Disclaimer : Cet article ne constitue pas un conseil en investissement. L'argent métal et les actions de sociétés minières sont des actifs volatils qui peuvent perdre une partie significative de leur valeur. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Faites vos propres recherches et consultez un conseiller financier avant d'investir.

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